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La nef royale, poussée par le courant, descendait le bras oriental du Nil, en direction d’Iounou, distante d’une quinzaine de miles. Djoser et Thanys répondaient à l’invitation de leur ami et père, Imhotep.
Installée à l’avant, Thanys contemplait les rives dérouler lentement leurs paysages d’émeraude, alternant palmeraies, champs marécageux et vastes étendues de papyrus. À l’apparition du navire, les paysans s’arrêtaient de travailler pour adresser de grands signes à leurs souverains.
L’anxiété n’avait pas quitté la jeune femme. Elle en avait parlé à son époux, qui avait tenté de la rassurer. Les mages de la capitale s’accordaient tous pour prédire aux Deux-Terres un essor sans précédent et des récoltes abondantes. Djoser ne pouvait croire à la malédiction jetée par le voleur. Sa menace ne reposait sur rien. Il avait seulement voulu se venger en semant le trouble dans l’esprit d’une femme fragilisée par son état. Thanys avait fini par se ranger à ces arguments. Peut-être souffrait-elle d’un mal étrange, dû à sa grossesse, qui l’amenait à imaginer des périls qui n’existaient pas. Pourtant, elle ne parvenait pas à chasser l’obscure sensation de malaise qui lui donnait parfois l’impression de se trouver au cœur d’un monde hostile, d’où un danger mortel pouvait surgir à tout instant.
Poussé par le courant, le navire parvint à destination vers le milieu de l’après-midi. Sur le quai, Thanys distingua les silhouettes de son père et de sa mère, Merneith, entourés des notables de la cité. Suivant la coutume, lorsque Djoser et Thanys débarquèrent, l’assistance se prosterna le front contre terre. Le nomarque, Menen-ptah, déclara :
— Lumière de l’Égypte, sois le bienvenu dans la cité de Rê-Horus ! Daigne étendre ta protection sur tes enfants qui t’aiment et se réjouissent de ta visite.
Au début de son règne, cette tradition avait embarrassé Djoser. Il estimait qu’aucun homme, fût-il roi, n’était suffisamment important pour que les autres rampassent ainsi devant lui. Mais Imhotep lui avait expliqué que c’était le dieu Horus que les Égyptiens vénéraient en lui. Il était le gardien de l’équilibre entre le monde des humains et celui des neters, le rempart contre Isfet, déesse du chaos, le maître de la vérité et de la justice. Djoser s’était donc habitué à cette coutume, qu’il supportait comme un mal nécessaire. Cependant, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’un homme d’esprit faible, parvenu par erreur sur le trône divin, prendrait à son compte cet hommage rendu au dieu. Et une telle attitude ne pourrait que générer des excès contraires à sa signification sacrée.
Ayant satisfait à l’accueil rituel, Djoser releva ses hôtes, puis ouvrit les bras à Imhotep. Depuis le moment où ils s’étaient rencontrés, deux années auparavant, les relations entre les deux hommes avaient été marquées par l’affection et l’estime. L’intelligence intuitive de Djoser complétait admirablement celle d’Imhotep, qui se doublait d’une mémoire phénoménale. La maturité du père de Thanys tempérait la fougue du jeune souverain, parfois prompt à s’emporter lorsqu’il décelait autour de lui quelque chose ressemblant à une injustice ou à un manque de respect aux dieux. L’esprit de Djoser était à l’image de son corps : grand, puissant, généreux, bouillonnant d’énergie et d’idées. De l’enseignement de son vieux maître Merithrâ, il conservait une grande érudition et une certaine sagesse, bousculée parfois par un tempérament impétueux qui ne supportait ni lâcheté ni mesquinerie.
Cette ardeur trouvait son écho dans la passion qui vibrait dans l’esprit d’Imhotep, sur lequel l’âge ne semblait pas avoir de prise. Il se dégageait de lui une sensation paradoxale d’énergie et de sérénité, qui se traduisait par un amour immodéré de la vie. Ses nombreuses activités ne lui avaient pas permis de développer cet embonpoint de bon aloi qu’affectionnaient les riches égyptiens à partir d’un certain âge, et qu’ils considéraient comme le reflet extérieur de la réussite. Au contraire, Imhotep conservait un corps jeune et svelte, et seules quelques petites griffures autour des yeux trahissaient son âge. Elles ajoutaient au charme irrésistible de son regard vif. En tant que grand prêtre de Rê-Horus, son crâne était rasé ; de même, il s’épilait entièrement tous les trois jours, jusqu’aux sourcils.
Depuis le plus humble des esclaves jusqu’au nomarque Menen-ptah, tous les habitants du nome aimaient Imhotep. On avait l’impression que rien de mauvais ne pouvait arriver en sa présence. Était-ce dû à sa voix chaude et profonde, à son regard bienveillant, qui ne portait jamais de jugement et semblait ignorer la sévérité ? On aimait se trouver près de lui, l’écouter parler, un peu comme on écoute la voix d’un père.
À côté d’Imhotep se tenait Merneith, la mère de Thanys. Veuve du vieux général Hora-Hay, mort à l’époque de l’usurpateur Nekoufer, elle avait épousé Imhotep peu après son retour. Elle s’était trouvée ainsi libérée de la tutelle pénible de l’irascible Nerounet, qui avait conservé pour elle seule la vaste demeure du général. Malgré ses quarante-deux ans, jamais Merneith n’avait paru aussi jeune. Dans ses bras, un bébé de trois mois jetait autour de lui des regards chargés de curiosité.
— Par les dieux, ton fils est un gaillard vigoureux ! s’exclama Djoser.
Malgré les vingt années de séparation, les sentiments d’Imhotep et de Merneith n’avaient pas varié. L’ardeur qui les avait réunis n’avait pas tardé à porter ses fruits. Et Thanys s’était vue gratifiée d’un petit frère nommé Amanâou, que l’on appelait plus familièrement Nâou. Cet événement, parmi bien d’autres, avait contribué à constituer autour d’Imhotep et de sa femme un climat de vénération affectueuse de la part des habitants d’Iounou.
Parmi les personnages entourant Imhotep, Djoser reconnut Bekhen-Rê, l’architecte, et Hesirê, le maître sculpteur. Une bouffée de joie l’envahit. Il avait commandé à son ami les plans de son mastaba. Peut-être étaient-ils terminés. Ce fut avec bonne humeur qu’il pénétra dans la ville en compagnie de Thanys, tous deux négligeant la litière pour parcourir à pied le chemin menant du port à la demeure d’Imhotep. Derrière le couple royal venaient les dames de compagnie de la reine et quelques membres de la Cour, suivis de leurs porte-sandales et d’esclaves agitant des éventails de plumes d’autruche. Le vieux prêtre Sefmout lui-même, malgré sa jambe déficiente, avait profité de l’occasion pour rendre visite à son ami Imhotep.
Cité très ancienne consacrée au soleil, Iounou était l’une des plus belles villes des Deux-Terres. Une foule nombreuse se forma sur le cortège, composée d’artisans, de pêcheurs, et d’un nombre élevé de scribes et de religieux. Iounou était en effet le plus grand centre spirituel de l’Égypte, où des théories de prêtres aux crânes rasés discutaient à perdre haleine de points de théologie. Aussi se réjouissait-on de la visite du roi, qui, à ce titre, était le premier officiant du Double-Royaume.
Depuis son retour, Imhotep avait ordonné la restauration des temples dédiés à Rê-Horus. Sur une place s’élevait un haut monolithe taillé, que l’on appelait un tekhenou, ou pierre benben[18]. Devant l’étonnement de Thanys, Imhotep expliqua :
— Le benben représente les rayons de Rê lorsqu’il sortit du Noun, l’océan primordial. Il est la demeure de l’Oiseau benou[19], qui est le symbole de la mort et de la résurrection. On prétend que le Benou vit cinq cents ans. Lorsque vient son temps, il construit un nid qu’il parfume d’encens, y met le feu, et se couche sur le bûcher. Lorsque celui-ci n’est plus que cendres, un nouvel oiseau en surgit, plus jeune et plus fort que jamais. Car le Benou est immortel ; il s’enfante lui-même, il est à la fois le père et le fils.
— À quoi ressemble-t-il ?
— La légende dit qu’il rappelle le héron cendré qui s’envole à l’aube, comme engendré par la lumière du soleil naissant, Khepri-Rê.
Au cœur de la cité se dressait la demeure d’Imhotep, héritée de ses parents, qu’il avait restaurée et agrandie depuis son retour. Bouillonnant d’activité, il partageait son temps entre ses différentes passions, parmi lesquelles la médecine, l’astronomie et l’architecture. En vérité, tout l’intéressait. Parfois, il se plaignait à son inséparable compagnon, le nain Ouadji, de ne jamais avoir assez de temps.
— La vie d’un homme est bien trop courte pour connaître tous les secrets de ce monde. Plus j’apprends, et plus je découvre que je ne sais rien. Certains prétendent que l’esprit de Thôt vit en moi, mais je suis loin de posséder sa connaissance, hélas. Heureusement, les signes sacrés nous permettent de conserver le savoir. Avec l’aide de Sechat, déesse de l’écriture, il faut les protéger, mon ami, car ce sont eux qui transmettront le savoir à nos descendants.
Au-delà du jardin creusé d’un étang, il avait fait construire une maison dans laquelle il accueillait des malades. Ouadji y dirigeait avec fermeté une troupe d’élèves auxquels il enseignait les connaissances qu’il partageait avec Imhotep. Depuis plus d’une année, les malades s’y pressaient pour bénéficier des soins de celui que l’on considérait comme le plus grand médecin de tous les temps. Sa réputation avait déjà franchi les frontières de l’Égypte, et de hauts personnages venaient du Levant, d’Akkad et même de Sumer pour le rencontrer.
Dans une grande salle étaient installés une trentaine de lits occupés par des hommes ou des femmes dont l’état nécessitait des soins suivis. Une salle plus petite jouxtait la première, dans laquelle Imhotep pratiquait les opérations lorsque cela s’avérait nécessaire. Les étudiants avaient ainsi appris comment pratiquer une trépanation, remettre en place un membre déboîté ou recoudre une plaie. Chaque matin, ils attendaient la venue du maître afin de connaître son avis. Djoser et Thanys constatèrent que les malades étaient aussi bien des gens du peuple que de riches commerçants ou des nobles.
— Les hommes sont tous égaux devant la maladie, expliqua Imhotep. Elle bouleverse l’ordre établi. Face à la souffrance, les grands seigneurs abandonnent leur arrogance et deviennent plus humbles que le plus pauvre de leurs paysans, les puissants guerriers pleurent comme des enfants. Parfois, les enfants se montrent plus courageux que les adultes.
Les soins consistaient en breuvages, pommades, onguents, poses de bandages et d’attelles pour les membres luxés ou brisés. On pratiquait aussi des incantations magiques aux dieux. Mais Imhotep accordait une grande importance à la puissance des pierres. Il conseillait à ses patients le port de colliers sur lesquels étaient enfilés des cristaux dont l’action se révélait bénéfique pour combattre les maladies de chacun. Ainsi, il combattait la nervosité à l’aide du lapis-lazuli, les problèmes articulaires avec la malachite, la fièvre et les affections respiratoires avec l’ambre et la turquoise.
Il n’exigeait aucun paiement en retour de ses soins.
— Soulager les maux des hommes n’est pas un métier, disait-il. C’est un don des dieux. Un médecin ne doit jamais refuser de soigner un malade. De même, il ne doit jamais réclamer la moindre rétribution. C’est le malade qui décide, après sa guérison, de ce qu’il souhaite offrir au médecin, en fonction de sa richesse. La médecine doit être accessible à tous, même aux pauvres. Un médecin qui refuserait ce principe ne pourrait se prévaloir de son titre et devrait être condamné par ses pairs.
Il ne mentait pas aux malades. L’un d’eux, un gros marchand de Nekhen, semblait très mal en point. Après l’avoir examiné, Imhotep lui déclara :
— Ma science ne pourra pas te sauver, mon ami. À moins que les dieux ne changent d’avis, l’heure approche où tu devras te présenter devant Anubis. Je ne peux que soulager tes douleurs, mais tu dois te préparer au grand voyage qui t’attend sur le Nil céleste. Si tu as été un homme juste, tu n’as rien à redouter de la plume de Maât.
À d’autres, au contraire, il recommandait de lutter.
— Ton mal n’est pas aussi grave que tu le crois, dit-il à un jeune noble qui avait reçu une mauvaise blessure au cours d’une partie de chasse. Mais je ne peux rien faire seul. Si tu es persuadé que tu vas mourir, alors tu mourras. Si tu penses que tu dois vivre, le mal disparaîtra. C’est toi qui le feras reculer.
L’affectueuse compassion avec laquelle il s’adressait à ses patients ébranla Thanys. Chacun d’eux devait avoir l’impression qu’il ne s’occupait que de lui.
— Devant la maladie, l’homme est désarmé, expliqua-t-il. L’homme parle haut et fort lorsqu’il est bien portant, il se croit invulnérable, invincible. Mais la plus petite affection le prive de sa force, et il redevient comme un petit enfant. Il a peur, il souffre, il doute, et son comportement change du tout au tout. J’ai constaté des choses étonnantes. Ainsi, ceux qui paraissent faibles résistent parfois beaucoup mieux. Les femmes, par exemple, maîtrisent la douleur bien mieux que le plus féroce des guerriers. Chaque jour je découvre des choses nouvelles, qui m’amènent à penser que je suis un ignorant par rapport à ce qu’il faudrait savoir. En vérité, la seule chose fondamentale que j’ai apprise, c’est que pour soigner et guérir les hommes, il faut les aimer, les aimer vraiment. Et le lien que je noue avec chacun de ceux qui ont eu confiance en moi, qui m’ont offert de les soigner, ce lien-là est au-delà de tout ce qui se peut imaginer. Il reste entre eux et moi le souvenir de quelque chose de fort qui ne s’effacera pas. Tu ne peux imaginer la joie que je ressens lorsque je vois un malade que j’ai vu arriver mal en point repartir bien portant. Nombre de maladies me tiennent en échec. Mais chaque guérison est une victoire.
En vérité, Imhotep jouissait d’un don peu commun, que seul Ouadji partageait avec lui : il ressentait la maladie, la devinait comme si son patient avait été transparent. Il laissait ses mains parcourir son corps, débusquait les mauvaises combinaisons d’énergie. Souvent, la seule imposition de ses mains suffisait à soulager le malade.
Cela expliquait la véritable vénération dans laquelle le tenaient tous ceux qui, nobles ou paysans, avait bénéficié de ses soins. Certains avaient offert des ibis au temple de Thôt afin de le remercier pour leur guérison. Dans leur esprit, il ne faisait aucun doute qu’Imhotep était l’incarnation du dieu.
Malgré sa fortune, Imhotep se moquait du faste, et sa demeure conservait des dimensions modestes. Mais sa convivialité en faisait un lieu agréable, agencé autour d’un jardin peuplé d’essences inhabituelles, issues de plants ramenés de ses voyages par le maître des lieux. Au centre s’étirait un petit étang couvert de nénuphars et bordé par un dallage où les esclaves avaient installé des fauteuils et des tables basses chargées de victuailles, viandes rôties diverses, achers[20] de canard et d’oie, légumes et fruits, pains de toutes sortes. Disposées près de chaque convive, des amphores emplies de vin et de bière reposaient sur des selles percées. Des colonnes de granit soutenaient des lampes à huile dont les lueurs dorées combattaient la nuit naissante.
Chacun prit place. Thanys et sa mère, que leurs grossesses quasi simultanées avaient rapprochées, entamèrent un long bavardage. Tandis que les esclaves servaient les convives, des jeunes filles nues apparurent et se mirent à danser au son d’un petit orchestre composé de sistres, tambourins et harpes. Ramoïs, qui accompagnait le couple royal dans ses déplacements, mêla sa flûte aux autres instruments.
— Quelles nouvelles apportes-tu de Mennof-Rê ? demanda Imhotep à Djoser.
— La réfection des Murs Blancs se poursuit. J’ai aussi fait doubler la garde de Saqqarâh. Semourê a arrêté une douzaine de pillards. On les a exécutés voilà trois jours. Mais je crains que cela ne décourage pas les autres. Ces chiens n’ont aucun respect pour les maisons d’éternité. Ce qui m’exaspère, c’est qu’il y avait des Égyptiens parmi eux ! J’aurais aimé leur trancher la tête moi-même.
Sefmout intervint :
— Les richesses accumulées dans les tombeaux ont de tout temps attiré les voleurs, Majesté. Peribsen lui-même s’est emparé des trésors contenus dans les sépultures des anciens Horus et de tous les grands personnages ensevelis sur l’Esplanade de Rê. On dit même qu’il avait constitué sa fortune avec le fruit de ses rapines, et qu’il rémunérait ses mercenaires avec les richesses appartenant aux anciens rois. Ce trésor était si important que la guerre elle-même ne l’a pas épuisé.
— Qu’est-il donc devenu ? s’étonna Djoser.
— On l’ignore. Lorsque Peribsen disparut, ton père, le dieu bon Khâsekhemoui, pensa le récupérer pour le replacer dans les mastabas des rois. Il fit parler les prisonniers. Mais, même sous la torture, ceux-ci ne purent rien révéler. Le trésor avait disparu, comme s’il n’avait jamais existé. Depuis, nombre de légendes ont circulé. Certaines affirment que Peribsen l’aurait enfoui quelque part dans le désert de l’Ament[21]. On dit aussi que lui-même aurait été berné par l’un de ses lieutenants qui se serait enfui hors d’Égypte avec le trésor. En fait, on ne sait rien, et je crois que jamais il ne sera retrouvé.
— Il appartient aux anciens rois, s’exclama Djoser, furieux. Je vais ordonner une enquête.
— Ton père l’a déjà fait, Lumière de l’Égypte, répondit Sefmout avec résignation. Mais cela n’a mené nulle part.
— Et ce pillage infâme continue ! rugit Djoser. Je ne peux tout de même pas affecter une armée pour la seule garde de Saqqarâh.
Plus tard dans la soirée, Imhotep invita le roi à le suivre sur la terrasse bordant les jardins, depuis lesquels on dominait la ville et les rives du Nil. À l’occident, un soleil rouge se couchait sur le Delta, d’où montait une rumeur sourde, un kaléidoscope sonore fait de cris d’oiseaux, d’appels de paysans, des grondements des prédateurs du crépuscule. À la limite de la terrasse, Djoser et Imhotep contemplèrent longuement le paysage empreint de sérénité et de magie, en cet instant mystérieux où la lumière du jour lutte contre les ombres rampantes de la nuit naissante. Puis le roi déclara :
— Tu sembles soucieux, mon fidèle ami. Dis-moi quel tourment peut ainsi troubler le grand Imhotep.
— J’ai longuement interrogé les oracles, répondit-il après un silence. Certaines conjonctions laissent apparaître des anomalies incompréhensibles. A priori, les présages semblent favorables. Pourtant, les signes magiques laissent apparaître des éléments bizarres, comme si une menace imprécise rôdait aux frontières des Deux-Terres.
— Une menace ? Mais j’ai conclu la paix avec tous nos anciens ennemis.
— Il ne s’agit pas d’un ennemi humain. On dirait plutôt qu’une entité néfaste se forme, qui met en péril l’harmonie même de nos dieux. C’est pour cette raison que je t’ai demandé de venir. Je dois te montrer quelque chose.